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Le 28 décembre, il nous faut déjà partir de Kyoto… Pour aller à Tokyo !!!
La proprio nous offre une jolie boîte sur laquelle est inscrit « langues de chat », il s’agit de biscuits au thé vert avec au milieu une plaquette de chocolat blanc.
Nous prenons le Shinkansen et, 3h plus tard, nous traversons un quartier vivant loin des buildings tokyoïtes et atteignons l’Annex Katsutaro Ryokan. Ce n’est malheureusement pas un ryokan mais un petit hôtel aux chambres traditionnelles japonaises. Pas de toilettes avec siège chauffant… Nous y avons pris goût !
Je demande au couple de propriétaires s’ils pourraient nous indiquer un coiffeur pour Clément. Ils prennent la chose très au sérieux et après plusieurs coups de téléphone, ils nous ont pris un RDV ! Monsieur est même prêt à nous y accompagner tout de suite en voiture ! Euh, en fait ce n’était pas urgent !… On avait prévu de faire autre chose avant, en plus, c’est l’heure de la sieste pour Clément…
On s’y rend à pieds. Clément, fatigué, est très docile. Thomas profite également des services de la sympathique coiffeuse qui le laisse sortir avec une drôle de tête… de hérisson !
Le quartier est animé par de nombreux stands de nourriture à emporter, des étalages de fruits et légumes et boutiques de souvenir. Un chemin traverse un grand cimetière. On finit le parcours par des ruelles aux maisons avec petit jardin et des vélos garés un peu partout. Il fait nuit, de bonnes odeurs se dégagent des cuisines. On taperait bien à une de ces portes coulissantes pour partager leur repas.
Finalement, on grignote dehors une sorte de crêpe-omelette de poulpe et des yakitoris. Nous sommes loin du Tokyo high tech que j’imaginais, ce quartier est parfait pour loger.
Ce soir je me couche en pensant à Carole, Éric, Amandine et Baptiste que je suis impatiente de retrouver demain.
Le 29 décembre, je me réveille tôt. La lumière a envahi notre chambre mais surtout je suis excitée à l’idée de partager quelques jours avec nos suisses préférés dans ce Japon que nous aimons tant. Clément ne tarde pas à ouvrir les yeux lui aussi puis le réveil nous rappelle qu’il faut vite nous préparer pour aller à l’aéroport.
Arrivés à la gare, nous sommes un peu perdus. Les plans ne sont pas traduits en lettres romani. Un employé de la gare nous oriente dans une direction, un autre à l’opposé, nous ne sommes pas loin de rater le train… On finit par trouver notre chemin à temps. Dans le wagon, Clément charme du regard deux belles japonaises blondes avec des lentilles bleu-vert. Il les a bien choisies !!!!
Devant la porte de sortie des voyageurs, j’ai du mal à me contenir, je suis impatiente ! Je finis par voir apparaître la bouille d’Éric puis Amandine se met à courir à toute allure à notre rencontre et enfin Carole accompagnant Baptiste dans une poussette. C’est un peu étrange de se retrouver dans un tel contexte. Ils n’ont pas changé, juste de grosses cernes violettes ont pris place sous leurs yeux et les jolis cheveux blonds de Baptiste ont poussé.
Nous déposons les valises à l’hôtel. Les suisses nous offrent des cadeaux et gourmandises de Noël.
Sans tarder, la famille réunie s’engage dans les rues animées de la ville. Après avoir avalé sur le pouce quelques tempuras et yakitoris froids, nous prenons le train et le métro direction Kagurazaka.
La ballade indiquée par le LP n’offre ni une « atmosphère romantique » (exceptés les hauts parleurs diffusants des airs français joués à l’accordéon), et encore moins la vision des geishas sur les rues pavées. Le quartier n’a pas vraiment d’intérêt. Nous visitons quand même quelques boutiques.
Après une pause animée autour d’un chocolat chaud et d’un matcha-latte pour Carole, nous prenons le chemin du retour. Clément ne quitte pas « Dine » une seule seconde. Le contact de ses cousins le rend heureux. Dès qu’on s’éloigne un peu des Decombas, il m’interroge inquiet « tonton ? Tonton ? Dine ? Dine ? « J’appréhende déjà leur départ….
Ce soir, nous partageons un pique-nique japonais dans la chambre et laissons vite la petite famille rattraper son manque de sommeil. Clément est très malheureux car il s’est fortement attaché au doudou d’Amandine. Il rend l’ourson à sa cousine avec quelques difficultés et se couche en ayant de gros chagrins à chaque évocation de « mini » comme il l’appelle. Il faut absolument qu’on lui achète une grosse peluche, il aime tellement ça !…
Le 30 décembre, nous nous réveillons tôt à cause du jour qui éclaircit la chambre. Amandine vient toquer à notre pour porte pour nous inviter à partager le petit déjeuner avec eux.
La petite troupe prend le métro en direction du marché au poisson de Tsukiji. Sur le chemin, des buildings vertigineux nous font de l’ombre. Nous voici dans le plus grand marché au poisson du monde. Gros hangar, transpalettes qui circulent dans les sens, et des poissons ! Des gros. De nombreux thons. On trouve aussi du poulpe, d’étranges gros coquillages etc. C’est la fin de la journée pour les poissonniers, on nettoie, on range. Du coup, il y a moins de visiteurs ce qui nous permet d’évoluer plus aisément entre les stands avec la poussette. Sur un comptoir, deux hommes découpent un thon à la perfection, le tranché est net, les couteaux impressionnants.
Les restaurants qui jouxtent le marché ont des files d’attente si longues que nous poursuivons notre route. Après quelques grignotages, Clément s’est endormi. Pas de resto, nous savourons quelques sushis sur le trottoir.
Nous sommes dans le quartier Ginza. Ici les immeubles sont hauts, de grandes enseignes et de nombreuses publicités recouvrent les immeubles. Nous décidons de faire un tour au Hakuhinkan Toy Park. Il s’agit d’un magasin de jouets sur plusieurs niveaux avec un théâtre au 8e niveau et deux étages de restaurants l’ensemble s’adressant aux enfants. L’endroit n’est pas « magique » comparé à ce que nous avons déjà connu au Japon. Clément s’est épris d’un cheval noir en peluche, papa-poule lui offre. Carole a quelques difficultés à sortir d’ici !
Nous nous retrouvons tous autour d’une table pour nous désaltérer et permettre aux enfants de se détendre un peu. Baptiste passe beaucoup de temps dans la poussette tandis qu’Amandine marche comme les adultes. Je suis impressionnée par la résistance de ses petites jambes, sans compter la fatigue du voyage et du décalage horaire… Clément quant à lui s’il n’est pas dans le sac de portage, marche aux côtés de « Dine, Dine ».
Nous prenons le métro en direction d’Akihabara. Le quartier est réputé pour les magasins de mangas et animes et aussi de matériel électronique. C’est la folie ici : les néons clignotent dans tous les sens, des écrans géants diffusent des publicités criardes, des grandes affiches montrent des jeunes filles irréelles, des illustrations recouvrent chaque parcelle de mur avec des représentations parfois olé olé, de la musique s’ajoute à toute cette frénésie… Sans oublier la foule ! Nous croisons aussi des « écolières » sexy distribuant des tracts. Carole, Éric et Amandine entrent dans un magasin de mangas. Pendant ce temps, Baptiste s’endort dans la poussette devant un clip de girls band déjanté. Clément découvre les distributeurs de boules avec à l’intérieur des personnages d’animes. Thomas prend quelques clichés. Nous sommes impressionnés par ce qui passe autour de nous. Ce sont essentiellement des hommes entre 20 et 40 ans qui entrent dans les enseignes, achètent des boules dans les distributeurs et… S’intéressent aux girls band… Ils semblent prendre tout cela très au sérieux. Face au distributeur, c’est comme un rituel, chaque geste semble avoir été répété de nombreuses fois : ils mettent la pièce dans la machine, récupèrent la boule, l’ouvrent, jettent un rapide coup d’œil à la figurine puis la glissent précieusement dans un sac et jettent la boule dans une poubelle réservée à cet effet puis disparaissent dans la foule. Nous observons un moment l’étrange animation de ce quartier de loisirs et rentrons au calme de nos chambres. Un repas-pique-nique-dégustation clôt cette étonnante journée tokyoïte.
Le dernier jour de l’an 2013.
Ce matin, tout le monde dort lorsque je tape à la porte de la chambre 302. Une Carole toute ensommeillée vient m’ouvrir, oups, j’avais cru entendre les enfants chahuter mais ce n’était pas ici…Nous petit-déjeunons puis prenons les transports jusqu’à Asakusa.
Dans des arcades proches de la sortie de métro, nous nous arrêtons déjeuner dans un restaurant. Nous avons la chance d’avoir une pièce à nous seuls. Heureusement car nous sommes « légèrement » bruyants !… Les hommes prennent un menu qui nous permet de découvrir notamment l’anguille. C’est bon. Carole cède aux tempuras (beignets de crevettes, légumes…) accompagnés de riz, moi, une soupe miso ainsi qu’un bol de riz avec poulet, oignons et œuf comme les enfants. Le repas est bon, tout le monde se régale dans la bonne humeur.
Afin de découvrir la baie de Tokyo, nous traversons la Sumida-gawa à bord du Suijo Bus. Il s’agit en fait d’un bateau-bus à l’aspect futuriste, à la sauce vaisseau d’Albator, dixit Thomas. Pendant que nous observons la vue à travers les multiples vitres du bateau, Clément fait sa sieste, les p´tits Suisses s’amusent à cache-cache et moi je m’amuse rien qu’à les regarder !
L’île est artificielle. On peut même voir une réplique de la statue de la liberté ! Nous nous extasions devant d’extraordinaires buildings, un immense pont aux arches multicolores etc. Depuis Tokyo Beach, nous assistons au dernier coucher de soleil de l’année. Les couleurs sont belles derrières les immeubles et les lointains palmiers.
Nous prenons place à bord d’une sorte de train aérien. Le simple transport jusqu’à Asakusa devient un véritable spectacle d’architecture et de lumières !
Arrivés au point de départ, nous traversons les arcades puis des rues piétonnes bordées de boutiques de souvenirs. En touristes que nous sommes, nous cédons aux multiples sollicitations. Amandine se procure la panoplie de la japonaise rose-bonbon : kimono rose-bonbon, chaussettes fendues illustrées de fraises et getas (les tongs mais en plastique imitation bois !) sans oublier la pince à cheveux également rose-bonbon ! Carole s’offre un peignoir rose-sucre-d’orge sur lequel sont imprimés des paysages japonais et des geishas.
Nous arrivons finalement au temple Senso-Ji. On dit que les gens viennent y prier pour avoir une bonne santé et de la joie pour l’année à venir. Nous sommes ici pour voir le temple mais surtout participer à l’événement. L’entrée du temple rouge est superbe, une séance photo s’impose. Une jolie fontaine permet se purifier les mains et la bouche avant d’accéder au temple. La foule se presse sur les marches du bâtiment principal dont les portes viennent de se refermer. Seuls ou par deux, les personnes pratiquent le rituel : jeter une pièce dans un sorte de boîte en bois, tirer la cloche, incliner deux fois la tête, taper deux fois dans ses mains puis incliner une dernière fois la tête.
De nombreux stands sont installés à proximité du sanctuaire. Nous achetons quelques préparations (nouilles, poulet, boulettes de poulpe, crêpes japonaises) que nous dégustons difficilement sur le bord d’un muret ! Mémorable repas du Nouvel An ! Nous ne traînons pas car le temps s’est rafraîchi. Mais nous ne partons pas sans une petite sucrerie !… Petits et grands se régalent de pommes d’amour et autres fruits caramélisés. Pour Éric et moi, ce sera un bon verre de saké chaud ! (C’est parce qu’on avait besoin de se réchauffer !..).
Sur le chemin qui relie la gare à notre hôtel, les enfants courent, rient. Qu’ils sont beaux ! Je suis surtout admirative de leur résistance aux longues journées que nous leur imposons. Ils râlent parfois mais suivent bien la cadence.Nous atteignons notre chambre vers 21h30, Clément est encore tout excité de la course, il est inutile d’essayer de le coucher maintenant !… Pendant que les cousins s’amusent, nous entamons une partie de Tokyo Train, un jeu que le père Noël suisse nous a apporté. Autour d’une bonne bouteille de saké, de bières japonaises et de friandises, on s’amuse bien !
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Le premier jour de l’an 2014. Le soleil est de la partie.
Nous nous promenons à pieds dans le quartier Ueno. Les habitants se rendent au temple. Nous les suivons et allons le visiter. Moi, j’attends à l’extérieur pour ne pas réveiller Clément qui s’est endormi dans mes bras. Je prends le temps d’admirer un petit coin de jardin joliment aménagé. Un couple : elle vêtue d’un kimono et lui d’un costume, prend place à bord d’un pousse-pousse noir et rouge-velours façon japonaise. L’image est belle, ils partent avant que je n’ai le temps d’immortaliser l’instant…
Après une rapide pause déjeuner sur une terrasse ensoleillée, nous longeons une partie du parc Ueno. Arrivés au métro, nous descendons à Shinjuku qui est considéré comme le cœur du Tokyo moderne avec ses nombreux buildings etc. On s’y promène. Pour distraire Amandine dont les petites jambes fatiguent, nous jouons : je suis la princesse et elle est ma « serviteuse ». Je la fais un peu tourner en bourrique mais on s’amuse bien !Il est déjà bien tard, les enfants avalent quelques nouilles et nous rentrons.
Le 2 janvier : repos bien mérité pour nos courageux petits bouts de chou.
Thomas accompagne Carole et Éric à Kyoto. Ils prennent le Shinkansen et 3 heures plus tard, arrivent à destination.
A Tokyo, la matinée passe vite. Les enfants préfèrent rester dans la chambre plutôt que d’aller au zoo d’Ueno qui est proche de notre logement. En fin de matinée, nous sortons faire quelques courses pour le déjeuner. De nombreuses boutiques sont fermées. Nous parvenons quand même à trouver des concombres et du riz chaud pour Baptiste, des tomates et des carottes pour Amandine. Et notre joyeuse bande de gourmands s’offre une « Apple pie ». Les enfants se régalent. La tourte aux pommes est encore tiède, un délice. Après le repas, Clément s’installe tout seul dans son lit et s’endort quelques minutes plus tard. Je demande aux petits suisses de faire un temps calme en s’allongeant dans les futons et ils ne tardent pas à fermer les yeux à leur tour.
Clément se réveille vers 17h… Il fait déjà nuit… Nous faisons un peu de bruit pour qu’Amandine et Baptiste se lèvent eux aussi. Trop tard pour le zoo. Ils jouent ensemble : se disputent, se réconcilient, se tapent (surtout Clément qui est un peu jaloux de son cousin) puis s’embrassent.
Le soir, les enfants mangent comme des ogres : légumes, nouilles etc. Ils ont tellement faim, que je fais manger Baptiste et Clément chacun leur tour, dans la même tasse ! Je m’amuse de les voir aspirer leurs nouilles ! Baptiste n’arrive pas à couper les nouilles avec les dents de devant ! Clément quant à lui commence à bien maitriser la technique !
On se couche tous dans le même lit, en attendant le retour des parents. Clément ne comprend pas trop ce qu’il se passe : il reste un moment debout à parler tout haut. Thomas arrive le premier, il a laissé Carole et Éric s’offrir un repas en amoureux.
Quelques heures plus tard, les tourtereaux rentrent ravis de leur journée dans l’ancienne capitale et leur repas en tête à tête dans un resto traditionnel.
Le 3 janvier, nous mettons un certain temps pour nous préparer.
En fin de matinée, nous nous dirigeons vers la baie de Tokyo pour nous rendre au musée des nouvelles sciences et de l’innovation. En sortant du train, il est déjà l’heure de manger ! Sur un parking, un regroupement de « belles » voitures, genre vieilles voitures américaines attire notre attention. Puis nous arrivons devant un robot géant nommé Gundam pour le bonheur de Thomas. Dans l’espace restauration, c’est la cohue.
Nous arrivons finalement au musée. Il est déjà tard… Nous commençons par une expo temporaire qui nous rappelle que chaque objet de notre quotidien n’est pas si anodin dans son concept et sa fabrication. Puis nous débutons la visite du musée en lui-même. Le bâtiment qui nous reçoit est superbe : un immense globe terrestre suspendu nous montre l’évolution du climat etc. Baptiste et Clément sont encore trop petits pour s’intéresser, comprendre ce qui les entoure. Clément est particulièrement difficile aujourd’hui (pourtant avec ce qu’il a dormi hier, il devrait être reposé !). Je finis par le mettre dans le sac de portage et m’éloigne un peu pour l’aider à s’endormir lorsque que je m’aperçois qu’il fait déjà nuit ! Le musée ferme dans quelques minutes et nous n’avons encore rien vu !… Ou presque !… Ce qui m’a finalement le plus marqué est la visite d’un module de la station spatiale : sac de couchage vertical (dans ce contexte) faisant office de lit, toilettes avec attaches pour caler les jambes et système d’aspiration des excréments etc. L’espace relatif aux sciences humaines m’intéresse mais pas le temps de m’y attarder… Un jeu interactif renseigne sur les différents sentiments. C’est très bien fait. Clément s’est à peine endormi que nous devons déjà partir…
De retour à l’hôtel, nous confions Clément aux p´tits suisses et partons Thomas et moi pour LA soirée. Il s’agit du cadeau de Noël que j’ai offert à Thomas : immersion dans le Tokyo by night mais surtout une nuit dans un type d’hébergement propre au Japon : les love hôtels !
Main dans la main, nous nous rendons dans le fameux quartier nommé Shibuya. Un grand croisement nous attend à la sortie du métro avec une véritable marée humaine. Nous sommes au cœur de la vie nocturne japonaise. Nous commençons par chercher un resto et entrons dans un sushis bar. Ici il n’y a pas de tabouret. On se place autour des cuistots et on passe commande. Incontestablement les meilleurs sushis que nous ayons mangés au cours de ce séjour. Nous accompagnons le repas d’une bière, histoire de nous aider à affronter la suite de nos aventures nocturnes !
Le moment tant redouté mais incontournable arrive : le patchinko. Il s’agit des salles de jeux japonaises. Les portes vitrées s’ouvrent à peine qu’un bruit assourdissant nous agresse. Nous entrons quand même. Des gens seuls, de tous âges sont installés devant les machines. Comment supportent-ils ce vacarme (Thomas a mesuré avec son téléphone : 105 dB en continue !) ?! Nous trouvons un employé pour nous expliquer le fonctionnement des machines. C’est Thomas qui commence. Le but du jeu consiste à orienter le jet de billes de sorte qu’elles passent à travers un espace défini. On pose son poignet sur un coussinet et on ne bouge plus la main lorsque la bonne position est trouvée. C’est tout. Ah si : des bruitages et des images apparaissent sur la machine pour accompagner le jet de billes. Je fais une partie moi aussi et nous quittons précipitamment cet endroit infernal. Quel soulagement pour les oreilles lorsque les portent s’ouvrent enfin ! Incompréhensible… Les jeux ne demandent aucune logique, réflexion particulières. La notion de convivialité ou dualité n’existe pas.
Nous arrivons enfin dans le vif su sujet : la tournée des love hotels !
Voici ce que j’ai compris à ce sujet : les love hôtels sont apparus au Japon pour offrir un moment d’intimité aux couples. En effet dans les grandes villes, les logements sont étroits, les cloisons sont fines et non insonorisées et les enfants dorment tard avec leurs parents. Du coup, il est possible, pour quelques heures ou pour une nuit de se retrouver en toute intimité. Donc les gens de tout âge fréquentent ces établissements, des jeunes couples vivant encore chez leurs parents aux couples mariés. Les love hôtels font partie de la culture nippone. A l’origine, ce ne sont pas des endroits glauques, sales, dévergondés. Certains hôtels offrent quand même des possibilités de réaliser certains fantasmes : ambiance de chambre « jungle », « manga », « wagon de train » ou encore « salle de classe ». Les distributeurs ne proposent pas de boissons mais des objets sado-maso. On peut louer des coutumes si l’on veut.Les chambres ne peuvent pas être réservées. Pour une nuit, il faut arriver à partir de 22h. De grands écrans affichent les photos des chambres disponibles. On sélectionne celle qui intéresse, on paie et la porte s’ouvre automatiquement. Pas besoin de clef, quand on sort, la porte se verrouille. Il est rare que des réceptionnistes soient présents. Si c’est le cas et pour plus de discrétion, la vitre est opaque pour que les interlocuteurs ne puissent pas se voir. Pas de fenêtre non plus dans chambres. Les love hôtels sont regroupés dans des quartiers pour éviter d’y croiser des personnes de sa connaissance au supermarché d’en face, par exemple. Je suis impatiente de voir ça pour de vrai !
On les reconnaît facilement : pas de fenêtre et les tarifs affichés : rest ou stay. La déco est en général plus kitch qu’ailleurs : les couleurs sont parfois vives, une baignoire extérieure avec des petits canards jaunes en plastique, des messages encourageants « have a good time »… Les noms m’amusent beaucoup : « hôtel chez nous », « Casanova »… Certains établissements ont l’air très chics : jacuzzi etc, d’autres très traditionnels : futons, tatamis… On rentre dans un premier établissement, nous sommes vendredi soir, une file d’attente s’est formée dans le hall. Un peu gênés, on va voir plus loin, et c’est ainsi que débute notre tournée des halls des love hôtel ! Après avoir réservé sa chambre, on prend un petit panier et y met un gel douche, un shampoing et d’autres produits à disposition, même des clémentines ! On retrouve assez souvent des réceptionnistes, si on voit leur visages, ce sont souvent des femmes âgées. On ne trouve pas de chambres originales.Il commence à être tard, pas le temps d’aller boire un coup quelque part, tant pis, on achète ce qu’il nous faut dans une superette… Difficile de passer inaperçu : deux occidentaux morts de rire avec un sac en plastique rempli d’alcool c´est la classe ! On se décide finalement pour une chambre mais il faut attendre jusqu’à 23h… On va se promener en attendant que les 10 minutes s’écoulent, mais nous ne sommes pas les premiers à attendre ! En revenant, la place est prise. On entre dans un hôtel plus… « Glamour »… aux couleurs rouge, noir et argent. C’est chic et coquin mais il est complet…
Fini de rigoler, il faut faire vite si on ne veut pas dormir dehors ou dans un coin miteux ! On retourne à l’hôtel « aux clémentines » mais sous prétexte que nous ne parlons pas japonais, l’entrée nous est refusée par le vieux couple qui tient l’hôtel. Finalement on trouve un panneau aux chambres franchement kitchs et aux couleurs criardes. Sans se poser de questions, on fonce ! Thomas éclate de rire en voyant que le réceptionniste est en pyjama ! En regardant l’écran, on découvre que les chambres ne sont pas si originales… Thomas sélectionne involontairement une chambre. Tant pis, il faut bien se décider à la fin !… Nous voyant un peu désemparés, le réceptionniste sort de son trou pour nous aider à finaliser la location de la chambre. On se retient de rire : il est en jogging-pyjama gris avec des Crocs et des lunettes très épaisses. Il doit avoir notre âge. Tout d’un coup, il casse la magie de la soirée ! Nous interrogeons l’étrange personnage afin d’être sûrs que demain nous pourrons quitter la chambre vers 8h. Il nous assure que oui. Ce serait dommage que Carole et Éric ratent leur train à cause de nous ! Le règlement se fait directement dans la chambre… Bizarre… L’homme nous demande de choisir quatre étiquettes placardées derrière nous : on peut prendre du shampoing, du gel douche, des boîtes de noodles, des boissons etc.., on choisit de quoi se laver et deux produits bizarres.On monte dans la chambre, la porte est déverrouillée. Un tout petit hall miteux avec une grosse machine qui parle. Elle doit nous demander de payer. La somme ne correspond qu’à une courte durée pas à la nuit complète. On ne se sent pas trop à l’aise et je que propose sur nous partions d’ici (le réceptionniste m’a franchement refroidie !)… Sauf que la porte est verrouillée ! Il faut payer si nous voulons partir !!! Ça aurait pu tourner au cauchemar : porte verrouillée, fenêtres calfeutrées,… Finalement, Thomas en appuyant sur tous les boutons a trouvé le bon montant, a payé et pour sortir, nous verrons bien demain matin…Après avoir passé l’entrée, la chambre est plaisante. La salle de bain n’envoie pas du rêve mais tant pis. Étonnamment l’idée de rester renfermés dans cette pièce, je n’y pense vite plus.
Réveillés tôt le 4 janvier, la porte est verrouillée lorsque nous voulons quitter la chambre !!!! On finit par trouver le numéro de téléphone de la réception et le sésame finit par s’ouvrir ! Wahou !
Dehors, on découvre les love hôtels sous la lumière du jour. Pas mal ! Les chambres kitchs appartiennent en fait à l’hôtel d’à côté. On ne regrette pas notre choix de toute façon. On a bien ri !Thomas n’est pas très emballé à l’idée de prendre un petit déj japonais avec soupe miso et compagnie alors nous allons au Starbucks. A l’étage, nous avons une vue intéressante sur le gros croisement. On déjeune en observent la ville qui se réveille.
Nous descendons du métro un arrêt plus tôt. L’occasion de visiter le quartier sans avoir en permanence les yeux rivés sur Clément, ni ses douze kilos sur le dos. Par contre nous avançons au pas de course, l’heure tourne vite !
De retour à l’hôtel, à peine le temps d’échanger quelques phrases que nous devons accompagner les p’tits suisses au train en direction de l’aéroport. Leur séjour se termine déjà… C’est vraiment passé vite : les retrouvailles, la visite de la ville, les enfants, etc. Finalement, on ne s’est pas consacré beaucoup de temps. J’avais tellement envie de faire plein de choses comme aller dans un sento avec Carole (les bains publics) par exemple…
On se dit brièvement au revoir avant qu’ils ne montent dans le train en direction de Narita.Après leur départ, une sensation étrange m’envahit. C’était bizarre de se retrouver avec Carole et Éric au Japon, eux à fond dans leur vie d’actifs (et plus qu’actifs !), dans leur routine quotidienne, proches de toute la famille etc et nous, au milieu de ce voyage, déconnectés de la réalité, un peu paumés aussi… En plus, cette grande ville et les journées courtes de l’hiver me donnent le cafard.
Il est tôt, nous nous promenons une dernière fois dans Tokyo. Derniers sushis, dernière immersion dans la folie urbaine d’un samedi après-midi dans le quartier Harajuku que nous fuyons d’ailleurs très vite pour nous rendre dans le parc Yoyogi tout proche. Nous y croisons un saxophoniste au milieu des arbres, puis une trompettiste adossée à un arbre, des joueurs de tambours entourés de personnes qui se meuvent au rythme de la percussion. C’est paisible.
Le 5 janvier 2014, ma guitariste préférée fête aujourd’hui ses dix ans. Je n’en reviens pas !…
Dernière matinée au Japon. Je descends avec Clément dans le hall de l’hôtel pour lui lire quelques livres et surtout permettre à Thomas de finir de ranger nos affaires sereinement.Un livre écrit en français de Bernard Baudoin m’intéresse fortement : « Le guide des voyages spirituels , Les lieux sacrés initiatiques ». Je n’ai le temps de lire que quelques lignes de la préface mais cela me permet de réfléchir au voyage en général et aux différents sens que l’on peut donner à un tel projet…
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